#75 J'ACCEPTE MON CORPS

L'appréciation de son corps : une conception revisitée de l'inconscient 

 

Imaginons que tout soit possible ...qu'il n'y ait aucune limite à ce que notre cerveau soit capable de produire. Si tel était le cas, que ferais-tu de ta sexualité et de ton corps ? Comment le considèrerais-tu ? Il existe une seule limite absolue : le manque d'imagination. 

 

Définition 

Je donnerais de l'inconscient une première définition simple qui paraphrase Milton Erickson lui-même : l'inconscient correspond à tout ce qui est en-dehors du conscient. Ceci ne signifie pas que tout ce qui est inconscient doive le rester. Au contraire, nous pouvons prendre conscience de ce qui est habituellement attaché aux fonctions de notre inconscient. L'exemple flagrant du mécanisme de la respiration prouve assez à quel point les processus inconscients sont au fondement de nos actes les plus essentiels sans que jamais ou presque la pensée consciente n'intervienne. C'est bien « l'intelligence » inconsciente qui règle à travers le corps le volume d'air nécessaire à chaque instant. Il se peut par contre que la pensée consciente se fixe sur le rythme respiratoire ; elle peut alors le modifier. Dans ce cas, la respiration devient consciente mais cela ne dure rarement plus que quelques instants. L'hypnose peut intervenir alors pour étendre le champ d'action du conscient et lui donner accès à des mécanismes plus profonds du psychisme qui restent habituellement hors de sa portée. Quand une personne atteint une limite et ne parvient pas à la dépasser, l'on peut alors supposer qu'elle a épuisé toutes les ressources conscientes qui auraient pu l'aider. Il serait donc absurde et contre-productif de persévérer sur cette même voie : les solutions restantes relèvent du domaine de l'inconscient. 

 

Les fonctions de l'inconscient 

Un réservoir de ressources et de connaissance 

C'est aussi notre part inconsciente qui gère les apprentissages, la mémoire ainsi que tout ce qu'enregistrent nos sens, c'est-à-dire beaucoup plus d'éléments que ce dont nous sommes conscients. A ce niveau, l'inconscient agit comme un filtre en ne laissant passer qu'une infime partie des informations enregistrées jusqu'à la conscience. Cependant, les informations qui restent hors d'atteinte du conscient font tout de même partie de notre « expérience » et sont à ce titre mobilisées, intégrées à nos comportements, à nos réactions, à nos connaissances. L'instance inconsciente de cette topique est également celle où s'organisent les automatismes nécessaires à toute forme d'apprentissage. Des actions aussi complexes que marcher, parler ou écrire, qui ont requis un nombre considérable d'efforts conscients afin d'être apprises et de devenir des schémas parfaitement fluides sont rapidement automatisées par l'inconscient. C'est encore l'inconscient qui est à l'œuvre derrière nos facultés d'adaptation et d'évolution par l'actualisation et la synthèse permanente qu'il fait de notre champ toujours plus large d'expériences passées, et, par le réinvestissement ensuite de ce patrimoine psychique vivant vers l'avenir à travers les facultés d'imagination et de créativité. Dès lors, tu peux comprendre à quel point l'accès à ces ressources inconscientes équivaut à reconquérir la maîtrise de nos genèses les plus profondes, en particulier sur la perception que l’on se fait de son propre corps, et de l’acceptation ou non de celui-ci.

 

Les fonctionnements corporels 

Ce que l'on vise ici, c'est le rôle extrêmement important que joue l'inconscient en gérant la totalité des processus biologiques. Même si nous pouvons intervenir sur certains paramètres consciemment (respiration, tonus musculaire, rythme cardiaque...), toutes les actions de notre corps sont programmées indépendamment de notre volonté consciente et nous n'avons pas besoin pour vivre de connaître la nature de ces actions. Heureusement d'ailleurs que nous n'avons pas à penser consciemment à la multitude de réglages qu'exige en permanence notre corps. C'est l'inconscient qui fait fonctionner la « machine » et qui s'occupe des défenses immunitaires, de la digestion, de la cicatrisation... Cet ensemble de fonctions recouvre les formes d'action biologique les plus anciennes du point de vue de l'espèce et à ce titre fait appel à notre cerveau reptilien, à nos réflexes. Agir sur ce plan permet aussi une action dont les répercussions peuvent être d'ordre physique, comme par exemple la mise en place d'une anesthésie hypnotique. 

 

L'inconscient, système de protection 

C'est peut-être la partie la plus complexe et aussi la plus intéressante de l'inconscient. Celui-ci nous protège aussi bien au niveau corporel qu'au niveau mental. Il se « bat » contre ce qui peut perturber en créant des solutions diverses. Ces solutions, aussi paradoxales qu'elles puissent paraître, peuvent prendre la forme aussi bien de symptômes, d'amnésies, d'aphasies, de nouveaux comportements que de prises de conscience. C'est cette fonction-là qui garantit précisément au sujet que l'intervention hypnotique ne saurait présenter un danger de quelque nature que ce soit puisque l'inconscient, même lors d'une transe hypnotique profonde, refuse tout ce qui peut porter atteinte à la personne. Ainsi, un hypnotiseur ne peut en aucun cas manipuler un individu contre son gré. Cette fonction est parfois appelée « observateur caché » ou dans sa version d'Outre-Atlantique « Ego observer ». 

 

Les croyances : une réalité inconsciente 

Dernier point où il nous est difficile d'occulter la fonction essentielle de l'inconscient : la genèse des croyances. Une croyance est une « quasi-idée », autrement dit une certaine lecture de la réalité qui ne procède que très indirectement d'une perception ou d'une information du dehors et qui peut même travestir, voire nier, l'objectivité d'une expérience. Nous ne parlons pas tant ici des croyances religieuses que des croyances moins idéologiquement structurées du type : « La vie est dure » « C'est facile de changer » ; ou encore « Je n’aime pas mon corps ». Nous pouvons aisément nous rendre compte que la quasi-totalité des individus considèrent le monde d'après le filtre de leurs croyances. Celles-ci viennent soit du vécu personnel, soit des idées véhiculées par les parents, les professeurs, les amis, la culture... ou bien d'un mélange des deux. Je ne m’appesantirai pas sur le façonnage des croyances par la personne consciente elle-même - ou sur les justifications que chacun se donne à soi-même - mais plutôt sur le processus qui donne à ses croyances une telle force, une telle persistance. Car tout se passe là encore inconsciemment. Autrement dit, ce qui nous intéresse dans l'opinion, c'est le versant « inconscient ». ll est en effet fondamental de constater que ces croyances, une fois installées, le sont d'une manière solide et par conséquent pérennes le plus souvent. Heureusement, il est tout à fait possible d’inverser ces croyances, en empruntant le même procédé, et de te permettre de revenir à une vision objective, comme dans la séance que je te propose ici : à te permettre d’accepter ton corps à nouveau, et de manière solide et par conséquent pérenne.